• POLITIQUE AU MALI

     

    Sommaire

    Cet article traite de différents aspects de la politique du Mali, un pays d'Afrique de l'Ouest.

     

    Institutions

    Article détaillé : Institution au Mali.

    Les institutions du Mali sont définies par la Constitution de 1992 fondant la troisième république.

    Le président de la République, chef de l’État, est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Amadou Toumani Touré a été élu en 2002 et réélu en 2007. Renversé le 22 mars 2012 par un coup d'État, il démissionne le 8 avril 2012. Amadou Sanogo, à la tête des forces militaires à l'origine du coup d'État, devient président du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État. Le 12 avril, Dioncounda Traoré, Président de l’Assemblée nationale du Mali depuis le 3 septembre 2007, devient Président de la République par intérim.

    Le premier ministre et les ministres sont nommés par le Président de la République. Modibo Sidibé a été nommé en octobre 2007; il était auparavant secrétaire général de la Présidence. Il forme son gouvernement, dont 23 nouveau membres1

    Le parlement est constitué d’une seule chambre, l’Assemblée nationale. Les députés sont élus pour un mandat de 5 ans au suffrage universel direct. La dernière élection a eu lieu en 2007.
    Ibrahim Boubacar Keïta était président de l’assemblée nationale de 2002 à 2007. À la suite des élections législatives de 2007, un nouveau bureau se met en place présidé par Dioncounda Traoré2.

    Partis politiques

    Article détaillé : Partis politiques maliens.

    Après le renversement du régime dictatorial de Moussa Traoré et l’institution de la troisième république en 1992, le multipartisme est en vigueur au Mali. Il existe plus de 80 partis politiques.

    Élections

    Élections législatives de 1992

    Elles ont lieu le 23 février 1992 et le 8 mars 1992 et sont marquées par la victoire de l’ADEMA/PASJ.

    répartition des députés après les élections de 1992
    Répartitions des sièges à l’issus des élections législatives de 19923.
    Parti politiqueSigleNombre de sièges obtenus
    Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice Adema-Pasj 76
    Congrès national d’initiative démocratique CNID 9
    Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain US-RDA 8
    Parti malien pour le développement PMD 6
    Rassemblement pour la démocratie et le progrès RDP 4
    Union pour la démocratie et le développement UDD 4
    Rassemblement pour la démocratie et le travail RDT 3
    Union des forces démocratiques de progrès UFDP 3
    Parti progressiste soudanais PSP 2
    Union malienne pour la démocratie et le développement UMADD 1

    Élection présidentielle de 1992

    Résultats du premier tour de l'élection présidentielle Mali 1992

    À l'issue du second tour le 26 avril 1992, Alpha Oumar Konaré est élu avec 69,01 % des voix face à Tiéoulé Mamadou Konaté. Il devient le premier président de la IIIe République.

    Résultats du premier tour de l’élection présidentielle4
    Candidat %
    Alpha Oumar Konaré 44,95 %
    Tiéoulé Mamadou Konaté 14,51 %
    Mountaga Tall 11,41 %
    Almamy Sylla 9,44 %
    Baba Hakib Haidara 7,37 %
    Autres candidats 12,32 %
    Résultats du second tour de l'élection présidentielle Mali 1992
    Résultats du second tour de l’élection présidentielle4
    Candidat %
    Alpha Oumar Konaré 69,01 %
    Tiéoulé Mamadou Konaté 30,99 %

    Élection présidentielle de 1997

    Le 17 mai 1997, Alpha Oumar Konaré est réélu président de la République. Cette élection a été boycottée par les principaux partis de l’opposition.

    Résultat de l’élection présidentielle4
    Candidat %
    Alpha Oumar Konaré 95,9 %
    Mamadou Maribatrou Diaby 4,1 %

    Élections législatives de 1997

    Le 13 avril a lieu le premier tour des élections législatives qui seront invalidées par la Cour constitutionnelle. Des nouvelles élections législatives ont lieu le 20 juillet et le 3 août. Boycottées par l’opposition, elles sont remportées par l’ADEMA/PASJ.

    Répartition des députés après les élections législatives de 1997 au Mali
    Répartitions des sièges à l’issus des élections législatives de 19975
    alliances ou parti politiqueSigleNombre de siège obtenu
    Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice ADEMA/PASJ 128
    Parti pour la renaissance nationale PARENA 8
    Convention sociale démocrate CDS 4
    Parti pour la démocratie et le progrès PDP 2
    Union pour la démocratie et le développement UDD 2
    Convention pour le progrès et le peuple COPP 1
    Parti pour la démocratie et la justice PDJ 1
    Rassemblement national démocratique RND 1

    Élection présidentielle de 2002

    Le 12 mai 2002, Amadou Toumani Touré est élu au second tour président de la République avec 64,35 % des voix face à Soumaïla Cissé.

    Résultat du premier tour de l’élection présidentielle au Mali en 2002
    Résultat du premier tour de l’élection présidentielle6
    CandidatVoix obtenues %
    Amadou Toumani Touré 449 176 28,87
    Soumaïla Cissé 333 525 21,44
    Ibrahim Boubacar Keïta 329 149 21,15
    Tiébilé Dramé 62 493 4,02
    Mountaga Tall 58 695 3,77
    Moussa Balla Coulibaly 50 211 3,23
    Choguel Kokalla Maïga 42 469 2,73
    Mamadou Bakary Sangaré 34 603 2,22
    Mandé Sidibé 31 398 2,02
    Ahmed El Madani Diallo 25584 1,64
    Daba Diawara 17 156 1,10
    Oumar Mariko 13 718 0,88
    Madiassa Maguiraga 12 548 0,81
    Youssouf Hassan Diallo 12 455 0,80
    Modibo Sangaré 11 667 0,75
    Mamadou Gakou 11 505 0,74
    Mady Konaté 11 302 0,73
    Mamadou Maribatrou Diaby 9 101 0,58
    Modibo Kane Kida 9 722 0,62
    Habibou Dembélé 7 964 0,51
    Sanoussi Nanacassé 7 829 0,50
    Ibrahim Diakité 6 899 0,44
    Abdoulaye Sogolomba Konaté 6 771 0,44
    Second tour de l'élection présidentielle au Mali en 2002
    Résultat du second tour de l’élection présidentielle7
     Nombres %
    Inscrits 746 202  
    Votants 1 723 210 29,99
    Bulletins nuls 30 248 1,76
    Suffrages annulés 268 216 15,56
    Suffrages valablement exprimés 1 424 746 82,68
    CandidatVoix obtenues %
    Amadou Toumani Touré 926 243 65,01
    Soumaïla Cissé 498 503 34,99

    Élections législatives de 2002

    Elles ont lieu en août 2002. Aucun parti ne dispose de la majorité absolue. l’ADEMA-PASJ se maintient comme première force politique du pays en obtenant 51 députés, suivi par le RPM d’Ibrahim Boubacar Keïta avec 46 députés.

    Répartitions des sièges à l'issue des élections législatives de 2002 au Mali
    Répartitions des sièges à l’issus des élections législatives de 20028
    Alliance ou parti politiqueSigleNombre de sièges obtenus
    Espoir 2002 (Rassemblement pour le Mali et alliés)   66
    Alliance pour la république et la démocratie (Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice et alliées) ARD 59
    Alliance Alternance et changement (Autour d’Amadou Toumani Touré) ACC 10
    Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance SADI 6
    Indépendants   6

    Espoir 2002 était composé du Rassemblement pour le Mali (RPM, 46 députés), du Congrès national d’initiative démocratique (CNID, 13 députés), du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR, 5 députés) et du Rassemblement pour la démocratie et le travail(RDT, 1 député).

    L’Alliance alternance et changement comprend le Bloc pour la démocratie et l'intégration africaine (BDIA), le Mouvement pour l'indépendance, la renaissance et l'intégration africaine (MIRIA), l’Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (US-RDA), le Parti progressiste soudanais (PSP), le Parti pour la renaissance nationale (PARENA) et le Parti écologiste pour l'intégration (PEI).

    Élections communales de 2004

    Elles ont lieu le 30 mai 2004. ADEMA : 28 %, URD : 14 % RPM : 13 %.

    Élection présidentielle de 2007

    Le 29 avril 2007, Amadou Toumani Touré est réélu au premier tour avec 71,20 % des voix, au cours d’une élection contestée par les principaux candidats de l’opposition9.

    Résultats définitifs proclamés par la Cour constitutionnel10

      
    Inscrits 6 884 352
    Votants 2 494 846
    Bulletins nuls 198 518
    Suffrages annulés 30 845
    Bulletins valablement exprimés: 2 288 993
    Taux de participation 36,24 %
    CandidatSuffrage exprimé %
    Amadou Toumani Touré 1 612 912 71,20 %
    Ibrahim Boubacar Keïta 433 897 19,15 %
    Tiébilé Dramé 68 956 3,04 %
    Oumar Mariko 61 670 2,72 %
    Mamadou Bakary Sangaré 35 776 1,58 %
    Soumeylou Boubèye Maïga 32 973 1,46 %
    Sidibé Aminata Diallo 12 443 0,55 %
    Madiassa Maguiraga 6 856 0,30 %

    Élections législatives de 2007

    Les élections législatives des 1er et 22 juillet 2007 ont été marquées par la victoire des partis politiques membres de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP). L’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA/PASJ) redevient le premier parti politique malien en nombre de députés.

    dm
    Élections législatives maliennes de 2007 des 1er et 22 juillet 2007 Résultats définitifs des élections
    AllianceParti politiqueDéputés élus
    1er tour
    Députés élus
    2nd tour
    Total
    Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA/PASJ) 9 42 51
    Union pour la république et la démocratie (URD) 3 31 34
    Rassemblement national pour la démocratie (RND) 1 0 1
    Bloc pour la démocratie et l'intégration africaine (BDIA) 0 1 1
    Congrès national d’initiative démocratique (CNID) 0 7 7
    Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR) 0 8 8
    Union pour la démocratie et le développement (UDD) 0 3 3
    Mouvement pour l'indépendance, la renaissance et l'intégration africaine (MIRIA) 0 2 2
    Bloc des alternances pour le renouveau, l'intégration et la coopération africaine (BARICA) 0 2 2
    Parti de la solidarité et du progrès (PSP) 0 2 2
    Parti citoyen pour le renouveau (PCR) 0 1 1
    Union soudanaise-Rassemblement démocratique africain (Us-RDA) 0 1 1
    Front pour la démocratie et la république (FDR) Rassemblement pour le Mali (RPM) 0 11 11
    Parti pour la renaissance nationale (PARENA) 0 4 4
      Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance (SADI) 0 4 4
    Indépendants   0 15 15
    Total 13 134 147
    Source: Résultats définitifs des Législatives - l'Adéma/PASJ perd dans trois localités, Les Echos, 13 août 2007

    Élections communales de 2009

    Les élections communales ont eu lieu au Mali le 26 avril 2009. L'Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma-Pasj) demeure la première formation politique devant l'Union pour la république et la démocratie (URD) et le Rassemblement pour le Mali (RPM).


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  • ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DE 2013

     

    Sommaire

    Une élection présidentielle se tient au Mali le 28 juillet 20131 et le 11 août, après une période de transition. Initialement prévue en 2012, l'élection présidentielle n'a pu se dérouler en raison du coup d’État militaire qui a renversé le président Amadou Toumani Touré dans la nuit du 21 au 22 mars 2012, alors que le nord du Mali est en proie à une insurrection armée menée par le Mouvement national de libération de l'Azawad et des organisations armées djihadistes.

    Contexte

    Le second mandat du président Amadou Toumani Touré, élu le 12 mai 2002 et réélu le 29 avril 2007, s'achevait en 2012. Conformément à la Constitution qui limite le nombre de mandat à deux, le président sortant confirme lors d'une conférence de presse le 12 juin 2011 qu'il ne se représentera pas2.

    Le 17 janvier 2012, les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) attaquent l’armée malienne à Ménaka. C’est le début d’une nouvelle insurrection menée par un mouvement renforcé en hommes et en armes par le retour des touaregs engagés dans l’armée libyenne après la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Le MNLA réclame l’indépendance des trois régions situées au Nord du Mali : Kidal, Gao et Tombouctou. Par manque de moyens, l’armée malienne subit des revers face aux combattants du MNLA3.

    Le 24 janvier, le MNLA attaque la ville d’Aguel’hoc. Le gouvernement malien accuse le MNLA d’être allié avec des membres d'Al-Qaïda au Maghreb islamique. Accusés de crimes de guerre pour avoir assassiné des militaires maliens prisonniers4, les rebelles, par la voix du MNLA, rejettent ces accusations 5. En deux mois, plus de 200 000 Maliens fuient les combats et se réfugient en grande partie dans les pays voisins 6.

    Fin janvier et début février, des manifestations de femmes de soldats ont lieu à Bamako, Kati et Ségou pour protester contre la gestion de la crise par les autorités7.

    Alors que des civils touaregs sont pris pour cibles à Bamako et Kati, le président de la République intervient à la télévision pour appeler à ne pas faire l’amalgame entre les populations touarègues et le MNLA8,9,10. Dans la nuit du 10 au 11 mars, le MNLA prend le contrôle du camp militaire de Tessalit 11, considéré comme stratégique en raison de la présence d’une piste d’atterrissage.

    Le mouvement islamique Ansar Dine, créé par Iyad ag Ghali, figure des rébellions touarègues des années 1990 au Mali, combat aux côtés du MNLA. Il affirme contrôler les localités d’Aguel’hoc et de Tessalit et veut imposer la charia au Mali12.

    Le 21 mars 2012, une mutinerie de soldats éclate à Bamako et à Gao. Ils protestent contre la gestion gouvernementale de la guerre et leur manque de moyens13. Le même jour, des mutins investissent le palais présidentiel et le siège de l'ORTM Télévision nationale. Le président Amadou Toumani Touré est renversé.

    La constitution est alors suspendue et un Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDR) présidé par le capitaine Amadou Haya Sanogo est mis en place14. Ce coup d'État est condamné par les principaux partis politiques et la communauté internationale. Sous la pression, les putschistes acceptent la mise en place d'une période de de transition. Le 8 avril, le président renversé Amadou Toumani Touré démissionne officiellement15. Le 12 avril, Dioncounda Traoré, président de l'Assemblée nationale, devient président par intérim. La transition est prévue pour une durée d'un an. Il nomme Cheick Modibo Diarra au poste de Premier ministre et le charge de former un gouvernement d'union nationale. La crise perdure, les putschistes continuant à intervenir dans la vie politique. Après avoir nommé deux gouvernements d'union nationale, Cheick Modibo Diarra est contraint par les putschistes de démissionner le 11 décembre 2012. Diango Cissoko est alors nommé Premier ministre.

    Dans le nord du pays, profitant de la confusion institutionnelle et politique, le MNLA allié avec les mouvements djihadistes parvient à conquérir les trois régions du nord du Mali. Le 6 avril, par un communiqué publié sur son site, le MNLA proclame « irrévocablement, l’État indépendant de l’Azawad à compter de ce jour »16,17,18.

    Des dissensions apparaissent entre le MNLA et Ansar Dine, allié d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Les djihadistes prennent le dessus et contrôlent le nord du Mali. En janvier 2013, alors qu'ils tentent de descendre vers le sud du pays, la France s'engage militairement à la demande du président par intérim Dioncounda Traoré. Avec le soutien militaire de plusieurs pays africains, dont principalement le Tchad, les armées française et malienne arrivent à contenir l'avancée des djihadistes puis à reconquérir le nord du Mali, à l’exception de Kidal dont le MNLA a repris le contrôle

    A l'initiative de la France, la communauté internationale engage un soutien financier important pour la reconstruction du Mali, de son armée et de l'administration ainsi que des services publics détruits au Nord du pays, et demande au Mali d'organiser pour le mois de juillet 2013 au plus tard une élection présidentielle permettant de clôturer la transition politique. Malgré les difficultés (insécurité persistant au Nord, région de Kidal toujours sous contrôle du MNLA, nombre important de déplacés et de réfugiés) et face à la pression de la France et de la communauté internationale, le gouvernement accepte cette demande. Les négociations entre les autorités maliennes et le MNLA reprennent sous la médiation du président burkinabé Blaise Compaoré afin de permettre le cantonnement puis le désarmement des groupes armés, le retour de l'armée et de l'administration malienne et la tenue des élections sur l'ensemble du territoire malien, y compris Kidal.

    L'élection prévue en 2012

    Le premier tour était fixé au 29 avril et, si aucun candidat n'obtenait la majorité absolue des suffrages exprimés à l'issue du premier tour, le second tour devait se tenir le 13 mai suivant. Le premier tour était couplé avec le référendum sur la révision de la Constitution19.

    Polémiques sur l'organisation du scrutin

    En 2011, plusieurs polémiques se sont déclenchées concernant l'organisation du scrutin, notamment le fichier électoral et la composition de la Commission électorale nationale indépendante.

    Pour constituer le fichier électoral, le gouvernement a décidé de se servir du fichier issu du Recensement administratif à caractère électoral (Race), fichier qu’il convient d’améliorer selon le ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, le général Kafougouna Koné. La majorité des partis politiques est favorable à l’utilisation d’un fichier issu du Recensement administratif à vocation d’état civil (Ravec) jugé plus fiable. Or le gouvernement considère que ce second fichier pose un certain nombre de difficultés dont le non recensement des Maliens vivant en Côte d’Ivoire20 et le nombres importants de corrections à y apporter dans un délai très court, ainsi que le coût de l’utilisation de ce fichier estimé à 41 milliards de francs CFA21. Lors d’une réunion de concertation entre le gouvernement et les partis politiques le 3 janvier 2012, le directeur national de l'Intérieur au ministère de l'Administration territoriale et des Collectivités locales, Bassidi Coulibaly, a reconnu la faible influence des citoyens pour la révision des listes électorales22.

    La Commission électorale nationale indépendante (CENI) est une institution chargé de contrôler l’organisation et le bon déroulement des élections. Des représentants des partis politiques y siègent. Dix sièges sont prévues à répartir équitablement entre l’opposition et la majorité. Une polémique a lieu entre les partis de la majorité et les partis se revendiquant de l’opposition. Pour la majorité, il faut tenir compte de la représentativité des partis politiques et proposent neuf représentants pour la majorité, à laquelle appartient 143 députés sur 147 et un seul pour l’opposition, représentait à l’Assemblée nationale par un seul parti, Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance (Sadi) et ses 4 députés. Alors que plusieurs partis de l’opposition extraparlementaire (UNPR, Bara, MPLO, ADCAM, RJP, CD, CNU - Faso-jo-ton) réclament cinq sièges pour l’opposition et cinq pour la majorité23. Le 7 septembre 2011, le gouvernement adopte, en conseil des ministres, sur proposition du ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, le général Kafougouna Koné, le décret portant nomination des membres de la Commission électorale nationale indépendante. Parmi les 10 représentants des partis politiques, un seul représente l'opposition, Moussa Konaté du Parti social démocrate, non représenté à l'Assemblée nationale24. L'opposition, considérant que ce décret ne respecte par l'esprit de la loi électorale de 2006 qui prévoit un partage équitable entre la majorité et l'opposition a saisi la Cour suprême25. Le 11 octobre, la Cour suprême a débouté les plaignants26,27.

    Le 20 septembre 2011, Mamadou Diamoutani, docteur en mathématiques et secrétaire général du Haut Conseil islamique du Mali, a été élu président de la Ceni28.

    Candidatures

    Les candidats devaient remettre auprès de la Cour constitutionnelle la déclaration de candidature qui doit recueillir la signature légalisée d’au moins dix députés ou cinq élus communaux dans chacune des régions et du district de Bamako. Un élu ne peut soutenir plus d’un candidat. Chaque candidat doit déposer une caution de dix millions de francs CFA, remboursable à 50 % pour les candidats ayant obtenus 5 % au moins des suffrages exprimés lors du 1er tour de l’élection présidentielle29.

    Plusieurs candidats avaient déclaré leur intention de se présenter et/ou ont été investis par leur parti. Leur candidature devra être validée par la Cour constitutionnelle.

    • Jamille Bittar, premier vice-président du Parti pour le développement économique et social du Mali (PDES), a annoncé le 30 janvier 2012 sa candidature à l'élection présidentielle. Le président de la Chambre de commerce et d’industrie et du Conseil économique et social est soutenu par l’Union des mouvements et associations du Mali, créée deux mois auparavant30.
    • Soumaïla Cissé, ancien ministre, ancien président de l'Union économique et monétaire ouest-africaine, candidat investi le 18 septembre 2011 par l'Union pour la république et la démocratie, soutenu par plusieurs partis et clubs politiques31, a été le premier à déposer son dossier de candidature auprès de la Cour constitutionnelle32.
    • Aminata Niamoto Diakité déclare sa candidature le 18 février 2012, investie par le parti humaniste Adamaden Ya Ton33.
    • Sidibé Aminata Diallo, ancienne ministre de l’Éducation, déjà candidate lors de la précédente élection en 2007, est investie le 24 décembre 2011 par le Rassemblement pour l'éducation à l'environnement et au développement durable (REDD) 34.
    • Cheick Modibo Diarra, astrophysicien malien ayant travaillé à la Nasa et président de Microsoft Afrique. Le 6 mars 2011, il présente à Bamako la formation politique qu’il vient de créer en vue de l’élection présidentielle de 2012, le Rassemblement pour le développement du Mali (RPDM)35.
    • Mamadou Djigué dit Jeff annonce le 22 septembre 2011 sa candidature sous les couleurs du Mouvement des jeunes pour le changement et le développement (MJCD). Cette annonce s'est faite lors d’un meeting organisé au Centre international de conférence de Bamako, en présence de son père Ibrahima N’Diaye, premier vice-président de l'Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice36.
    • Housseini Amion Guindo, dit « Poulo », président de la Convergence pour le développement du Mali, est désigné le 14 septembre 2011par le groupement politique PUR (Partis unis pour la République) candidat à l'élection présidentielle37.
    • Tidiane Guindo, avocat, a annoncé sa candidature au nom d'un nouveau parti politique Mali Dambé le 23 février 201238.
    • Ibrahim Boubacar Keïta, ancien Premier ministre, ancien président de l'Assemblée nationale et président du Rassemblement pour le Mali (RPM) a été investi le 14 janvier 201239. Candidat lors des deux précédentes élections présidentielles en 2002 et 2007, il bénéficie du soutien de quinze partis politiques qui ont signé le 12 janvier 2012 un protocole d’accord en vue de « constituer un pôle républicain et démocratique fort et stable »: Mouvement pour l'indépendance, la renaissance et l'intégration africaine (Miria), de l’Union des Maliens pour le progrès (UMP), de l’Union malienne-rassemblement démocratique africain, du Front africain pour la mobilisation et l'alternance (Fama), du Rassemblement des démocrates républicains (RDR), du Rassemblement pour la justice au Mali (RJD), Parti Sigikafo Oyédamouyé (PSO), de la Concertation démocratique, du Parti de la différence au Mali (PDM), du Parti socialiste et démocratique du Mali (PSDM), du Parti populaire pour le progrès (PPP), du PPM, du MPLO, du RUP, de l'Action démocratique pour le changement et l'alternance au Mali (ADCAM) et du Rassemblement pour le Mali (RPM)40.
    • Aguibou Koné, ancien leader estudiantin, annonce le 25 janvier 2012 qu’il se présentera à l’élection présidentielle de 2012 pour défendre les couleurs d’une organisation politique dénommée « A Yèlè » (« ouvrir » en langue nationale bambara)41,42.
    • Le parti Yéléma, réuni en congrès à Kayes a investi Moussa Mara le 15 octobre 201143.
    • Oumar Mariko, député, investi le 26 juin 2011 par le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance. Il a déjà été candidat lors des deux précédentes élections présidentielles en 2002 et 2007 souhaite dans son programme « bâtir un État démocratique fort, respectueux des valeurs républicaines, et de la répartition équitables des ressources du pays »44.
    • Achérif Ag Mohamed, désigné le 12 novembre 2011 par l'Union nationale pour le travail et le développement45.
    • Soumana Sako, ancien Premier ministre et président de la Convention nationale pour une Afrique solidaire (CNAS) a déclaré sa candidature le 18 décembre 201146.
    • Niankoro Yeah Samaké, maire de la commune rurale de Ouélessébougou, a déclaré le 12 novembre 2011 sa candidature à l'élection présidentielle au nom du Parti pour l’action civique et patriotique (PACP), un nouveau parti politique47.
    • Modibo Sidibé, ancien Premier ministre, a annoncé sa candidature le 17 janvier 201248. Modibo Sidibé a reçu le 6 mars 2012 le soutien de 15 partis politiques regroupés au sein de l'Alliance pour la démocratie, le progrès et la solidarité (ADPS) dont le porte-parole est Me Mamadou Gakou président de la Convention parti du peuple (Copp)49.
    • Le parti Avenir et développement du Mali (ADM) a investi son président Madani Amadou Tall le 11 mars 2012 à la Grande Mosquée de Bamako50.
    • Mountaga Tall a été investi le 15 janvier 2012 à Bamako candidat par le Congrès national d'initiative démocratique (CNID). L'avocat a été candidat aux élections présidentielles de 1992, 2002 et 200751.
    • Cheick Bougadary Traoré, président de la Convergence africaine pour le renouveau (CARE), a été investi candidat de son parti le 28 janvier 2012. Cheick Bougadary Traoré est le fils de chef d'État Moussa Traoré 52.
    • Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale, investi par l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adéma-Pasj) le 30 juillet 201153,54. Il est soutenu par quinze autre partis politiques qui ont décidé de s'allier à l'Adéma-Pasj. Il s'agit de l'Alliance malienne pour le travail (Amt), du Parti démocratique pour la justice (Pdj), du Mouvement pour la démocratie et le développement (Mdd), du Parti concertation démocratique (Pcd), du Parti social démocratique (Psd), du Front populaire pour la démocratie (Fpd), du Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd), du Psr, de l’Association politique Yêrêko, du Parti pour la justice et la démocratie directe (Pjdd), du Parti pour l’éducation, la culture et la santé (Pecs), du Parti démocratique de développement (Pdd), du Parti écologique pour l’intégration (Pei), du parti pour la démocratie et le progrès (Pdp) et de l’Ufp55. Le 25 février 2012, l'Union pour la démocratie et le développement (UDD) a également annoncé à Koutiala son soutien à Dioncounda Traoré56.

    L'élection de 2013

    Calendrier

    La loi électorale adoptée le 27 mai 2013 en Conseil des ministres prévoit l'organisation du premier tour le dimanche 28 juillet. En cas de nécessité, un second tour sera organisé le 11 août suivant57.

    La campagne électorale officielle pour le premier tour a eu lieu du 7 au 26 juillet57. Celle pour l'éventuelle second tour a débuté au lendemain de la proclamation des résultats définitifs du premier tour, soit le 8 août et s'est clôturé le 9 août.

    Organisation du scrutin

    Le ministère de l'Administration territoriale est chargé de l'organisation du scrutin. Il se déroule sur toute l'étendue du territoire malien, ainsi que dans les représentations diplomatiques et consulaires pour les Maliens de l'étranger20.

    La bonne tenue du fichier électoral est confiée à la délégation générale aux élections. La Commission nationale électorale indépendante (Céni) veille au bon déroulement du scrutin57.

    Le fichier électoral biométrique est constitué à partir des données du recensement administratif à vocation d'état civil (Ravec) effectué en 2010. Sur ce fichier figure les données d'état civil ainsi que la photo et l'empreinte digitale de chaque électeur. Les nouvelles cartes d'identité appelées Nina et confectionnées pour l'occasion servent de carte d'électeur58.

    Candidats

    Plusieurs personnalités politiques maliennes ont annoncé leur candidature. Le 29 juin 2013, la Cour constitutionnelle, chargée de valider les dossiers, annonce qu'elle a reçu 36 candidatures, dont 2 femmes59. Cependant, huit candidatures ont été rejetées par la Cour constitutionnelle pour défaut de paiement de la caution de dix million de francs CFA ou insuffisance de parrainages (dix députés ou cinq élus communaux dans chacune des régions et du district de Bamako. Parmi elle, la candidature de Sidibé Aminata Diallo, déjà candidate en 2007 et ancienne ministre de l’Éducation de base, de l’Alphabétisation et des Langues nationales.

    Les candidats retenus sont :

    Premier tour

    Le 8 juillet, Tiébilé Dramé demande un report du scrutin à la Cour constitutionnelle, considérant qu'il y a violation de la loi électorale, le collège électoral ne pouvant être convoqué tant que les listes électorales ne sont pas établies sur l'ensemble du territoire national, ce qui serait le cas dans les 13 communes de la région de Kidal71. Le 17 juillet, au cours d'une conférence de presse, il déclare retirer sa candidature « parce que les conditions d'une élection régulière ne sont pas réunies »72.

    Le premier tour se déroule le 28 juillet dans le calme malgré de nombreux cafouillages, des électeurs cherchant désespérément leur bureau de vote.

    Les observateurs de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) se déclarent satisfait du déroulement du premier tour remarquant cependant la difficulté pour les électeurs à trouver leur bureau de vote ainsi que des dysfonctionnement comme le manque d'isoloirs dans certains bureaux de vote73.

    La mission d'observation de l'Union africaine, conduite par Edem Kodjo, ancien Premier ministre togolais a constaté « un scrutin homogène malgré quelques petites imperfections, qui cependant n'entachent pas la bonne tenue du scrutin »74.

    Catherine Ashton, haute représentante de l'Union européenne, « malgré des conditions difficiles, l’administration malienne a fait preuve de détermination pour garantir la transparence et la crédibilité des élections ». Le président français François Hollande s'est félicité du « bon déroulement du scrutin présidentiel malien, marqué par une mobilisation importante et une absence d’incident majeur »75.

    Le 30 juillet, le ministre de l'Administration territoriale, le colonel Moussa Sinko Coulibaly annonce que les premiers résultats officiels portant sur un tiers du dépouillement donne une avance importante au candidat Ibrahim Boubacar Keïta et affirme que « si ces écarts sont confirmés, il n'y aura pas de deuxième tour »76. Ces résultats partiels sont immédiatement contestés par l'URD de Soumaïla Cissé77.

    Le 2 août les résultats complets provisoires sont annoncé par le ministre de l'Administration territoriale. Ibrahim Boubacar Keïta arrive largement en tête avec plus de 39,24% des voix devant Soumaïla Cissé qui obtient 19,44% des suffrages exprimés.Le candidat de l'Adéma-Pasj Dramane Dembélé arrive en troisième position avec 9,59% des voix

    Le 2 août, prenant acte des résultats provisoires le plaçant deuxième, le Soumaïla Cissé déplore la mauvaise organisation du premier tour en déclarant que « l’arbre de la grande mobilisation du peuple malien, le 28 juillet, ne doit pas cacher la forêt de l’impréparation, de la mauvaise organisation de la fraude qui ont caractérisé le premier tour de l’élection présidentielle » et demande que « ces ratés, ces dysfonctionnements, cette mauvaise organisation dont la responsabilité incombe au seul gouvernement, soient corrigés avant le second tour »78.

    Le 7 août 2013, la Cour Constitutionnelle a proclamé les résultats définitifs79:

    CandidatsPartisPremier tour
    Votes%
    Ibrahim Boubacar Keïta Rassemblement pour le Mali 1 175 769 39,79
    Soumaïla Cissé Union pour la république et la démocratie 582 127 19,70
    Dramane Dembélé Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice 286 929 9,71
    Modibo Sidibé Forces alternatives pour le renouveau et l'émergence 146 839 4,97
    Housseini Amion Guindo Convergence pour le développement du Mali 140 345 4,75
    Oumar Mariko Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance 75 875 2,57
    Choguel Kokalla Maiga Mouvement patriotique pour le renouveau 69 767 2,36
    Cheick Modibo Diarra Rassemblement pour le développement du Mali 63 320 2,14
    Jamille Bittar Union des mouvements et alliances pour le Mali 52 216 1,77
    Mountaga Tall Congrès national d'initiative démocratiquee 45 384 1,54
    Moussa Mara Yéléma 45 227 1,53
    Mamadou Bakary Sangaré Convention sociale démocrate 31 803 1,08
    Soumana Sako Convention nationale pour une Afrique solidaire 26 524 0,90
    Oumar Ibrahima Touré Alliance pour la république 25 235 0,85
    Haïdara Aïchata Alassane Cissé   22 274 0,75
    Niankoro Yeah Samaké Parti pour l'action civique et patriotique 17 007 0,58
    Konimba Sidibé Mouvement destin commun 16 780 0,57
    Hamed Sow Rassemblement travailliste pour le développement 16 763 0,57
    Racine Seydou Thiam Convergence d’action pour le peuple 16 153 0,55
    Oumar Boury Touré Groupe d’action démocratique pour le Mali 15 738 0,53
    Ousmane Ben Traoré Parti citoyen pour le renouveau 15 640 0,53
    Cheick Keïta Union pour la démocratie et l’alternance 14 623 0,49
    Siaka Diarra Union des forces démocratiques 14 281 0,48
    Youssouf Cissé Convergence des initiatives pour le changement 12 258 0,41
    Cheick Boucadry Traoré Convergence africaine pour le renouveau 9 177 0,31
    Sibiri Coumare Synergie des initiatives pour la renaissance africaine 9 051 0,31
    Alhousseïni Maiga Parti pour une nouvelle Afrique 8 159 0,28
    Tiébilé Dramé Parti pour la renaissance nationale 5 723  
    Votes nuls   389 876
    Suffrages annulés   113
    Suffrages exprimés   2 955 264 100
    Inscrits   6 829 696    
    Taux de participation   - 48,98  

    Second tour

    L'annonce des résultats définitifs du premier tour le 7 août 2013 déclenche le début de la campagne officiel le lendemain, une campagne très courte de 48 heures alors que les maliens, très majoritairement musulmans, célèbrent la fin du ramadan80. Soumaïla Cissé propose à son adversaire l'organisation d'un débat mais Ibrahim Boubacar Keïta décline la proposition, son état-major évoquant un problème de temps pour le préparer81.

    La plupart des candidats éliminés au premier tour ont rallié l'un de deux finalistes.

    Le 3 août, Dramane Dembélé, candidat arrivé en troisième position, a appelé à voter pour Ibrahim Boubacar Keïta, contredisant la consigne donné par son parti l'Adéma-Pasj. Il justifie ce ralliement par l'appartenance commune de l'Adéma-Pasj et du RPM à l'Internationale socialiste et le partage des « mêmes valeurs de gauche »82.

    Le 5 août, la Convergence pour le développement du Mali et son candidat Housseini Amion Guindo, apporte leur soutien à Ibrahim Boubacar Keïta83. Le même jour, six candidats, Moussa Mara du parti YELEMA, Racine Thiam de la CAP, Ousmane Ben Fana Traoré du PCR, Sibiri Koumaré de SIRA, Siaka Diarra de l’UFD et Alhousseiny Maïga de PANAFRIK forment un collectif appelant à voter pour Ibrahim Boubacar Keïta84.

    Oumar Mariko et son parti Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance (Sadi), Mamadou Blaise Sangaré, (CDS), Oumar Bouri Touré (GAD), Mme Haidara Aichata Alassane Cissé, Mountaga Tall (CNID-FYT), Choguel Kokalla Maiga (MPR), Cheick Keita (UDA), Hamed Sow (RTD),Oumar Ibrahim Touré (APR), Racine Seydou Thiam (CAP), Konimba Sidibé (Modec) ont également appelé à voter pour le candidat du Rassemblement pour le Mali85.

    Le 5 août, se conformant à l'accord signé en mai, la plate-forme de l’Alliance pour la République et la Démocratie (ARD) qui lie les partis membres pour le soutien au candidat du Front pour la défense de la république (FDR) le mieux placé pour le second tour, Modibo Sidibé apporte son soutien à Soumaïla Cissé pour le second tour86. Jeamille Bittar et la direction de l'Adéma-Pasj, également membre du FDR, apportent leur soutien à Soumaïla Cissé85, tout comme Tiébilé Dramé87.

    Niankoro Yeah Samaké, candidat du Parti pour l'action civique et patriotique (PACP) et Cheick Boucadry Traoré, candidat de la Convergence africaine pour le renouveau (CARE) ont déclaré ne pas donner de consigne de vote pour le second tour88. La Convention Nationale pour une Afrique Solidaire (CNAS- Faso Hèrè) dont le candidat était Soumana Sako, déclare le 9 août inviter « tous leurs militants et sympathisants ainsi que l’ensemble de l’électorat à exercer leur libre choix pour le second tour en n’ayant à l’esprit que l’intérêt supérieur du Peuple (...) »89.

    Le lundi 12 août, Soumaïla Cissé reconnaît sa défaite avant la fin même des dépouillements et déclare qu'« [il est] allé le voir [Ibrahim Boubakar Keïta] pour le féliciter et lui souhaiter bonne chance pour le Mali »90.

    Les résultats officiels sont proclamés le 15 août 2013 : Keïta est élu avec 77,6 % des voix contre 22,4 % pour Cissé91.

    Notes et références

    1. Les Maliens jouent leur avenir à la présidentielle [archive], Le Figaro, 28-07-2013.
    2. « « ATT face à la presse : Anniversaire d'investiture, l'heure du bilan » », Zénith Balé,‎ 13 juin 2011 (lire en ligne [archive]) 
    3. Malika Groga-Bada, « « Nord-Mali : guerre à huis clos » », Jeune Afrique,‎ 21 février 2012 (lire en ligne [archive]) 
    4. Ursula Soares, « Mali : violents combats à Tessalit entre le MNLA et l'armée malienne » [archive], RFI,‎ 15 février 2012
    5. Christophe Boisbouvier, « Mali : les rebelles touaregs nient toute alliance avec AQMI » [archive], afrik.com,‎ 15 février 2012
    6. AFP, « Mali : 206.000 réfugiés et déplacés à cause des combats dans le nord » [archive],‎ 22 mars 2012
    7. AFP, « Mali : manifestations de familles de militaires combattant des rebelles touareg » [archive],‎ 2 février 2012
    8. Serge Daniel, AFP, « Mali : le pouvoir essaie de calmer la colère liée à la rébellion touareg » [archive],‎ 4 février 2012
    9. « Nord-Mali : le président appelle à l'apaisement et met en garde contre les amalgames » [archive]
    10. « Situation au nord : Déclaration du Président Amadou Toumani Touré, Chef de l’État » [archive], Présidence de la république,‎ 1er février 2012
    11. « La ville de Tessalit, au nord du Mali, est aux mains des rebelles du MNLA » [archive],‎ 12 mars 2012
    12. RFI, « Mali : un mouvement islamiste veut imposer l’application de la charia par la lutte armée » [archive], RFI,‎ 18 mars 2012
    13. Baba Ahmed, « « Mali : mutineries de militaires à Bamako et Gao » », Jeune Afrique,‎ 21 mars 2012 
    14. « Mali : les mutins annoncent la suspension des institutions » [archive], RFI,‎ 22 mars 2012
    15. « Mali : le président Touré démissionne » [archive], Le Figaro, 8 avril 2012
    16. « MALI. Le Nord déclare son indépendance » [archive], Le Nouvel Observateur,‎ 6 avril 2012
    17. Le Monde avec AFP, « Mali : les rebelles touaregs du MNLA proclament l'indépendance du nord » [archive], lemonde.fr,‎ 6 avril 2012
    18. Lire le communiqué : MNLA, « Déclaration d'indépendance de l'Azawad » [archive], MNLA,‎ 6 avril 2012
    19. Gouvernement, « Communiqué du Conseil des Ministres du 18 janvier 2012 » [archive], journaldumali.com,‎ 18 janvier 2012
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    21. Youssouf Diallo, « Fichier électoral - Le gouvernement opte pour le RACE - «Il faut revoir cette façon de faire», rétorque Tièbilé Dramé », 22 septembre,‎ 26 mai 2011 (lire en ligne [archive]) 
    22. « Préparatifs des élections générales et référendaire d'avril-juillet prochains : Le Gouvernement fait le point à la classe politique qui reste sceptique », L'Indépendant,‎ 4 janvier 2012 (lire en ligne [archive]) 
    23. « Composition de la CENI : le ton monte », L’Essor,‎ 12 août 2011 (lire en ligne [archive]) 
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    26. Panapress, « CENI-Mali: La Cour suprême déboute des partis d'opposition » [archive],‎ 13 octobre 2011
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    41. Madiba Keïta, « Présidentielle 2012 : Aguibou Koné se lance dans la course », L'Essor,‎ 25 janvier 2011 (lire en ligne [archive]) 
    42. Kassoum Thera, « Présidentielle de 2012 : Aguibou Koné, un ancien leader estudiantin dans la course », Malikounda,‎ 25 janvier 2011 (lire en ligne [archive]) 
    43. « Moussa Mara investi samedi candidat de Yéléma à la présidentielle 2012 : “Nous voulons faire du Mali une terre d’espérance ” », L'Indépendant,‎ 18 octobre 2011 (lire en ligne [archive]) 
    44. Le 26 juin 2011, les délégués de la 2e session ordinaire du Comité central du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance investissent à l’unanimité Oumar Mariko comme candidat à l’élection présidentielle. Issa Fakaba Sissoko, « Après son investiture par le Parti Sadi : Oumar Mariko dévoile son « engagement pour le Mali » », L'indicateur Renouveau,‎ 28 juin 2011 (lire en ligne [archive]) 
    45. Allaye Lam, « Présidentielles 2012 : Achérif Ag Mohamed candidat », L'Essor,‎ 15 novembre 2011 (lire en ligne [archive]) 
    46. Malika Groga-Bada, « Mali : Soumana Sako, un candidat de plus à la présidentielle » [archive], jeuneafrique.com,‎ 4 janvier 2012
    47. Madiba Keïta, « Niankoro Yeah Samaké porte-parole du PACP », L'Essor,‎ 15 novembre 2011 (lire en ligne [archive]) 
    48. André Silver Konan, « Mali : Modibo Sidibé, enfin candidat » [archive], jeuneafrique.com,‎ 17 janvier 2012
    49. Xinhua, « Mali : 15 partis politiques décident de soutenir la candidature de Modibo Sidibé » [archive], afriscoop.net,‎ 7 mars 2012
    50. Bruno D. Segbdji, « Présidentielle du 29 avril 2012 : Le président de l’ADM, Madani Tall investi hier à la Grande Mosquée », L'Indépendant,‎ 12 mars 2012 (lire en ligne [archive]) 
    51. « Mali: l'avocat Mountaga Tall investi candidat à la présidentielle » [archive],‎ 15 janvier 2012
    52. Pana, « Mali: Cheick Bougadary Traoré candidat à l'élection présidentielle » [archive], afriquejet.com,‎ 30 janvier 2012
    53. Le20 juin 2011, l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice annonce que huit de ses membres ont présenté leur candidature à la primaire organisée par le parti en vue de désigner son candidat à l’élection présidentielle Ibrahima N'Diaye, vice-président du parti, Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale et président du parti, Sékou Diakité, deuxième vice-président du parti, Issouf Kamaté, entrepreneur, Tiéoulé Koné, conseiller à la présidence de la république, Ousmane Traoré, directeur général de la Caisse d'épargne et de crédit Kondo Jigima, Harouna Bouaré, Secrétaire politique adjoint de la section Commune IV du parti et Marimanthia Diarra, Secrétaire général du parti, ancien ministre du Plan et de l'aménagement du territoire. - Bruno D Segbedji, « Primaires de l'ADEMA-PASJ pour l’élection présidentielle 2012 : Chaudes empoignades entre 8 prétendants pour un fauteuil », L'Indépendant,‎ 22 juin 2011 (lire en ligne [archive]) . Finalement, une « commission de bon office » décide de présenter une candidature unique, celle de Dioncounda Traoré. Le 30 juillet 2011, les délégués des 53 sections de l'intérieur et ceux des 23 sections
    54. Chahana Takiou, « Investi le samedi 30 juillet au Cinéma Babemba : Dioncounda Traoré sur la route de Koulouba », 22 septembre,‎ 1er août 2011 (lire en ligne [archive]) 
    55. David Dembélé, « Présidentielle 2012 : Du mouvement dans la ruche » [archive], journaldumali.com,‎ 27 janvier 2012
    56. Madiassa Diakité et B. Daou, « L’UDD votera Dioncounda Traoré », Le Républicain,‎ 27 février 2012 (lire en ligne [archive]) 
    57. a, b et c RFI, « Mali: le premier tour de l’élection présidentielle fixé au 28 juillet » [archive], rfi.fr,‎ 27/28 mai 2013
    58. RFI, « Fichier électoral, opérateur: le Mali s'organise pour tenir ses élections en juillet » [archive], rfi.fr,‎ 12 mai 2013
    59. « Trente-six candidats à la présidentielle au Mali » [archive], Le Monde, 29 juin 2013.
    60. « Entretien avec Jeamille Bittar, candidat de l’UMAM à la présidentielle du 7 juillet : "Ma candidature se fonde sur mon engagement et mon dévouement pour mon pays" » [archive], maliactu.net,‎ 15 avril 2013
    61. Youssouf Diallo, « Présidentielle 2013 : Chato investie par 11 partis politiques, des organisations de femmes et de jeunes », 22 septembre,‎ 17 juin 2013 
    62. Dieudonné Tembely, « Home Politique Présidentielle de juillet 2013 : Soumaïla Cissé investi candidat de l’URD ! Présidentielle de juillet 2013 : Soumaïla Cissé investi candidat de l’URD ! », Le 26 mars,‎ 15 juin 2013 (lire en ligne [archive]) 
    63. RFI, « Youssouf Cissé, candidat indépendant: «Les Maliens ont besoin de justice» » [archive],‎ 24 juillet 2013
    64. « Dramane Dembélé, Candidat Adema-PASJ : « je ne suis pas milliardaire » » [archive], maliactu.net
    65. Abdoulaye Diakité, « Élections présidentielles de juillet 2013 au Mali », L'Indicateur du Renouveau,‎ 2 mai 2013 
    66. Cléophas Tyenou, « Présidentielle du 28 juillet 2013 : Ce que propose Moussa Mara pour redresser le Mali » [archive], malikounda,‎ 19 juin 2013
    67. « Niankoro dit Yeah Samaké, Présidentielle du PACP : "j’accepte avec humilité de porter le drapeau de notre parti" » [archive],‎ 24 avril 2013
    68. RFI, « Konimba Sidibé, candidat du Mouvement destin commun » [archive],‎ juillet 2013
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    75. « Mali. Un premier tour salué par les Européens » [archive], Bruxelle2.eu,‎ 29 juillet 2013
    76. « élections au Mali: l'ex-Premier ministre largement en tête » [archive], Bfmtv.com,‎ 30 juillet 2013
    77. Augustin K. Fodou, « Présidentielle : l’URD conteste les résultats partiels » [archive], journaldumali.com,‎ 31 juillet 2013
    78. Augustin K. Fodou, « Soumaïla Cissé : "Il faut corriger les dysfonctionnements avant le second tour" » [archive], journaldumali.com,‎ 3 août 2013
    79. « Proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle du 28 juillet 2013 » [archive],‎ 7 août 2013
    80. « Mali: une campagne éclair avant le second tour de la présidentielle » [archive], RFI,‎ 10 août 2013
    81. RFI, « Présidentielle malienne: il n'y aura pas de débat d'entre-deux tours » [archive],‎ 8 août 2013
    82. « Soutien de Dramane Dembélé à IBK : coup de tonnerre au FDR » [archive], Journaldumali.com,‎ 3 août 2013
    83. Souleymane Macalou, « Présidentielle 2ème tour : Housseini Amion Guindo appelle à voter IBK » [archive], journaldumali.com,‎ 5 août 2013
    84. Augustin K. Fodou, « Moussa Mara : « Nous avons décidé de soutenir IBK sans conditions » » [archive]
    85. a et b « Alliances politiques : LE RPM ASPIRE LES RALLIEMENTS » [archive], L'essor,‎ 7 août 2013
    86. « Présidentielle 2ème tour : Modibo Sidibé réitère son soutien à Soumaïla Cissé » [archive], Journaldumali.com,‎ 5 août 2013
    87. Agence de presse africaine, « Tiébilé Dramé apporte son soutien à Soumaïla Cissé » [archive], Maliweb,‎ 6 août 2013
    88. « Cheick Boucadry Traoré : L’autre candidat qui refuse de donner une consigne de vote » [archive], depechedumali.com,‎ 9 août 2013
    89. Gagny Timbo, « Déclaration du Staff de Campagne du Candidat du Peuple, le Dr. Soumana Sako à la Suite de la Proclamation des Résultats Officiels Définitifs du Scrutin Présidentiel du 28 juillet 2013 » [archive],‎ 9 août 2013
    90. http://www.francetvinfo.fr/monde/mali/mali-cisse-reconnait-sa-defaite-au-second-tour-de-la-presidentielle-et-felicite-son-rival-keita_389289.html [archive]
    91. Mali: Ibrahim B. Keïta élu avec 77,61% [archive], Le Figaro, 15-08-2013.

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  • Ibrahim Boubacar Keita, dit"IBK"

    - biographie

    Ancien Premier ministre, ancien président de l'Assemblée nationale, ancien président de l'Adema, et enfin … président de la République en 2013

     

    La troisième fois aura été la bonne

     

    Après s’être porté deux fois candidat à l’élection présidentielle, en 2002 puis en 2007, Ibrahim Boubacar Keita, "IBK" pour ses proches, le leader du Rassemblement pour le Mali (RPM), parti qu’il a créé en 2011, est enfin parvenu à se faire élire président au deuxième tour de la présidentielle du 11 août 2013, dans un Mali secoué par une crise politico-militaire depuis janvier 2012.
    Son challenger, Soumaïla Cissé, le chef de l’Union pour la république et la démocratie (URD), n’a pas attendu 24 heures pour reconnaître sa défaite.

     

    Retour sur le parcours pour le moins atypique d’une des grosses figures du paysage politique malien

     

    Avant d'entrer activement en politique, Ibrahim Boubacar Keita, "IBK" pour ses proches a fait des études de Sciences politiques et d'Histoire des Relations internationales en France. C'est un "ancien" du prestigieux lycée Janson de Sailly de Paris.
    Il décroche à l'Institut d'histoire des relations internationales contemporaines (IHRIC) une maîtrise d'histoire et un DEA en Politique et relations internationales.
    Au début des années quatre-vingts, il est conseiller principal du Fonds européen de développement (FED) puis chef d'un projet de développement dans le nord du Mali.
    Présenté comme "un très proche" du président Alpha Oumar Konaré, IBK est appelé comme directeur-adjoint de campagne du candidat Konaré lors de l'élection présidentielle pluraliste de 1992, organisée après la chute du président Moussa Traoré.
    Après l'élection de M. Konaré à la présidence, Ibrahim Boubacar Keita est nommé ambassadeur en Côte d'Ivoire avant d'entrer en 1993 au gouvernement comme ministre des Affaires étrangères.
    Nommé pour la première fois Premier ministre, le 4 février 1994, alors que le régime du président Konaré est confronté à une crise scolaire, à des grèves syndicales et à une recrudescence de l'insécurité dans tout le pays et plus particulièrement dans le nord, IBK avait réussi à juguler ces crises qui avaient ébranlé le pouvoir.
    "La restauration de l'autorité de l'Etat, déclarait-il, était un préalable à la réalisation de l'Etat de droit et nul n'est et ne sera au-dessus de la loi", déclarait-il à l'époque.
    Et d'ajouter que "le devoir de construire une société de démocratie ne doit jamais nous faire perdre de vue cette autre nécessité encore plus impérieuse de sauvegarder et de consolider l'Etat en restaurant son autorité".
    En ces temps-là, son franc-parler et sa fermeté faisaient de lui la "bête noire" de l'opposition malienne.
    Il sera reconduit au poste de Premier ministre en février 1997 et traversera la grave crise qui a secoué le pays lors des élections -présidentielle et légilatives - de 1998.
    Il démissionnera de son poste de Premier ministre le 13 février 2000, tout en gardant la présidence du Comité exécutif du parti au pouvoir, l'Adéma-PASJ (Alliance pour la démocratie au Mali-- Parti Africain pour la Solidarité et la Justice).
    A l'époque "président" du parti, le président de la République ne pouvant pas se présenter pour un troisième mandat à la future présidentielle prévue en 2002, IBK pense que son avenir est tout tracé. Il se considère comme le candidat naturel de l'Adema et "dauphin" du président Alpha Konaré. C'était mal connaître les ambitions des uns et des autres.

     

    De l'Adema au RPM ...

    Ibrahim Boubacar Keita a, comme la plupart des hommes politiques maliens, commencé sa carrière politique dans des associations démocratiques. Aussi, c'est tout naturellement que lors du premier congrès constitutif de l'Adema, les 25 et 26 mai 1991, il est élu Secrétaire aux relations africaines et internationales du parti. Puis il monte en grade.
    Au premier congrès ordinaire de l'Adema, en septembre 1994, il est élu président du Comité exécutif, en somme le "président" du parti.
    Il est réélu à ce poste au congrès d'octobre 1999.
    Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour IBK.
    Mais il a pris des coups lors de la crise politique de 1998. S'il veut être président de la République, il lui faut se mettre au vert, prendre ses distances avec les affaires courantes. Aussi démissionne-t-il de son poste de Premier ministre en février 2000.
    IBK, candidat naturel de l'Adema à la présidentielle de 2002 ? Ses camarades ne l'entendent pas ainsi. Un courant dit de "rénovateurs" voit le jour au sein de l'Adema, guidé en sous-main par d'autres prétendants à la présidence de la République dont trois ministres, Ousmane Sy (Administration territoriale), Soumeylou Boubeye Maïga (Défense) et Soumaïla Cissé (Equipement). Tous trois avaient été écartés de la direction du parti lors du congrès d'octobre 1999.
    Ce nouveau courant qui revendique la majorité des députés et "une bonne partie" des membres du Comité exécutif de l'ADEMA préconise pendant des mois des "primaires" pour désigner le candidat du parti à la présidentielle de 2002.
    De facto, IBK est relégué à la tête du courant dit des "conservateurs".
    Cette période sera des plus ravageuses pour le parti. On se déchire à coups de presse interposée, de déclarations incendiaires.
    Les sections de base s'en mêlent pour réclamer un congrès extraordinaire qui aura finalement lieu en octobre 2000.
    C'est une défaite politique pour IBK, d'autant que son "ami", le président Konaré ne dit mot et laisse le parti se déchirer.
    La presse malienne fait ses choux gras de ce remue-ménage "dans la ruche", l'abeille étant l'emblème de l'Adema.
    Las, IBK jette l'éponge et démissionne de la présidence du parti en octobre 2000 et s'en va jouer sa propre partition.
    Il téléguide la création, en février 2001, d'un mouvement dénommé "Alternative-2002", où se retrouvent des hauts cadres et des députés de l'ADEMA. Alternative 2002 n'est en fait que la prémisse de la création en juin 2001 de son propre parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM).
    Il emmène alors avec lui 37 députés démissionnaires de l'Adema.
    Quand arrive l'échéance de l'élection présidentielle en avril 2002, IBK se porte tout naturellement candidat. Mais il a réussi à faire naître une coalition, dénommée cette fois "Espoir 2002", et qui regroupe une quinzaine de partis, dont les principaux sont outre le RPM d'IBK, le CNID de Me Mountaga Tall et le MPR de Choguel Maïga, qui revendique lui l'héritage de l'ancien président destitué en 1991, Moussa Traoré.
    Si ces trois personnalités vont en ordre dispersé à la présidentielle, tous se sont engagés dans cette alliance pour soutenir celui d'entre eux qui parviendra éventuellement au deuxième tour.
    Pas de chance : au premier tour de cette présidentielle, disputée le 28 avril 2002, c'est le général Toumani Touré, dit "ATT", qui arrive en tête avec 28,7 % des voix suivi du candidat de l'ADEMA, Soumaïla Cissé (21,32 %).
    "IBK", très colère à l'époque, n'est crédité que de la troisième place avec seulement 21 % des suffrages.
    Il a perdu une bataille mais pas la guerre. L'occasion d'une belle revanche lui sera donnée lors de législatives qui vont suivre, en juillet de cette même année 2002. Là, son parti, le RPM fait carton plein, en raflant 46 sièges de députés, et la coalition "Espoir 2002" totalise 63 sièges.
    C'est une belle revanche pour IBK qui dans la foulée se fait élire président de l'Assemblée nationale en obtenant les suffrages de 115 députés sur 138 votants (l'assemblée compte 147 députés).
    Dès son élection à la tête de l'Assemblée, IBK déclare qu'il présidera le Parlement "sans exclusion". "Le peuple malien vient encore d'étonner. La démocratie malienne est faite de consensus, et non d'animosité", ajoute-t-il. Et pour être bien compris par tous, il précise qu'il n'entend pas "s'opposer" au chef de l'Etat Amadou Toumani Touré, mais "travailler côte à côte avec lui". Fini donc, et bel et bien fini, le temps où, dans un stade de Bamako, les ténors d'Espoir 2002 dénonçaient le premier tour de la présidentielle comme n'ayant été qu'une "pure mascarade qui n'avait pour ambition que de procéder à la nomination d'un homme à la présidence de la République".

    La candidature de trop ?

    Il joue le jeu jusqu'à la future échéance présidentielle de 2007, où il ambitionne une nouvelle fois d'être élu président. Mais le temps aidant, la coalition Espoir 2002 a explosé. Pire, son parti, le RPM, subit à son tour des défections, certains de ses membres retournant même dans leur famille maternelle, l'Adema. IBK n'est plus un rassembleur, mais plutôt source de problèmes.
    En février 2007, il forge une nouvelle alliance dans la perspective des échéances électorales à venir : le FDR (Front pour la Démocratie et la République), qui regroupe 16 partis et associations politiques.
    Aussi, IBK, redevenu dans l'opposition, se porte donc une nouvelle fois candidat à la présidence lors du scrutin d'avril 2007, mais, alors que d'autres hommes politiques ont bien compris que ce n'était pas la peine de tenter d'affronter le président sortant ATT.
    Cette fois c'est la douche froide pour IBK.
    Att est élu dès le premier tour, avec 68,31 % des suffrages, Ibrahim Boubacar Keita est deuxième, mais loin derrière, avec seulement 18,59 % des voix.
    Le FDR donne bien de la voix pour dénoncer "les conditions dans lesquelles les élections se sont déroulées", mais cela ne changera rien.
    IBK est battu et bien battu.
    Son parti subira alors le contrecoup de cet échec. Lors des législatives qui suivent, en juillet 2007, son parti, le RPM, n'obtient que onze députés. Plus dure encore pour IBK, l'Adema reprend des couleurs et redevient la première force politique du pays avec 51 députés, suivie de l'URD de Soumaïla Cissé, autre transfuge de l'Adema qui obtient 34 sièges.

     

    A ce terme, il semblait alors que la mayonnaise IBK, lancée en 2001, n'avait pas pris.
    Mais les événements qui ont secoué el Mali en 2012, reprise de la rébellion touarègue, coup d’Etat qui a renversé le président ATT, puis occupation de la moitié du territoire par les groupes islamistes avant l’intervention militaire française, ont remis en scelle Ibrahim Boubacar Keita qui a participé un temps à un front du refus du coup d’Etat du capitaine Sanogo avant de prendre ses distances pour se positionner comme l’homme du recoirs dans l’optique de la présidentielle à venir.
    Avec près de 40 % des voix au premier tour du 31 juillet 2013 devant Soumaïla Cissé arrivé second avec à peine 20 % des suffrages, le second tour de l’élection en fut qu’une formalité pour IBK.

    Ibrahim Boubacar Keita est marié et père de quatre enfants.


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  • NORD MALI: les véritables causes de la guerre

    Tout était en place pour que le Mali s’effondre et que le Sahel explose. Affaibli par les politiques d’austérité du FMI, longtemps paralysé par la Françafrique, victime du réchauffement climatique et de multiples sécheresses, le Mali est devenu l’une des pièces centrales du nouveau grand jeu sahélien. Revendication touarègue, djihadistes enrichis par le narcotrafic, déstabilisation libyenne et ambiguïtés algériennes, financements occultes saoudiens, stratégie à court terme des États-Unis et de l’Union européenne... Voici toutes les raisons de la guerre.

    Nous sommes en 1960, le Mali accède à l’indépendance. Le premier président malien, Modibo Keïta, instituteur et panafricaniste, élu démocratiquement, a à peine le temps d’entamer une profonde réforme agraire avant d’être renversé en 1968 lors d’un coup d’état mené par Moussa Traoré, soutenu par la France. Durant les vingt-trois ans d’un règne sanglant, ce dernier bénéficiera constamment du soutien de tous les gouvernements français. La Françafrique dans toute sa laideur. Moussa Traoré recevra également le soutien du FMI et de la Banque Mondiale dont il appliquera les directives de « plans d’ajustement structurel ». Aggravant ainsi la situation économique et sociale de son pays.

    Sécheresses, sous-développement et rébellion dans le nord

    Moussa Traoré ne se contente pas d’appauvrir et d’affamer son peuple, il mène aussi une forte répression contre la minorité Touareg du Mali. Les Touaregs représentent environ 2 % de la population malienne [1]. Ils sont également présents au Niger, au Burkina-Faso, en Mauritanie, en Libye et en Algérie. Ils connaissent parfaitement toute la bande sahélienne et gardent, pour un grand nombre d’entre eux, un mode de vie nomade. Ils refusent d’être incorporés dans des structures étatiques et restreints par des frontières nationales qu’ils contestent. Et revendiquent le Nord Mali – l’Azawad – comme territoire indépendant. Une spécificité niée par le découpage des frontières coloniales. Les principales organisations armées touarègues sont le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Ansar Dine et un tout récent groupe issu de la scission de ce dernier, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), dont le leader se revendique « malien et contre toute forme de terrorisme » [2]

    Le réchauffement climatique

    La longue lutte du « peuple du désert » s’analyse aussi par les enjeux climatiques : un siècle de détérioration des terres arables, grignotées par le désert malgré les « ceintures vertes », et de longues sécheresses, qui ont bouleversé le modèle pastoral des Touaregs. Les sécheresses de 1968, 1974 et 1985 affamèrent des milliers de Touaregs et les poussèrent dans les villes du sud du Mali. L’année 2012 n’a pas manqué à la règle et a été marquée par une grande sécheresse, amplifiée par le dérèglement climatique.

    Peu de temps après le déclenchement de la deuxième rébellion touarègue de 1990, le dictateur Moussa Traoré est renversé par un autre militaire, Amadou Toumani Touré, dit ATT. Il met fin à la dictature ainsi qu’à la guerre contre la rébellion touarègue en signant les accords de Tamanrasset de 1992, qui prévoient la démilitarisation du nord, une décentralisation de l’État et des investissements pour aider au développement de la région, délaissée depuis deux décennies.

    La dette et le FMI

    C’était oublier la dette. La jeune démocratie malienne, menée par Alpha Oumar Konaré, est empêtrée dans le remboursement d’une dette de près de 3 milliards d’euros, équivalente au PIB annuel du pays. Une dette largement héritée de la dictature militaire : de 1968 à 2001, elle a été multipliée par 30 ! Près de 60 % des recettes fiscales du Mali servent à payer le service de la dette (l’emprunt et les taux d’intérêt) au FMI, empêchant le paiement des salaires, aggravant les inégalités territoriales et la pauvreté. Il faut attendre 2005, pour que le G8 décide d’annuler la moitié de la dette du Mali. Trop tard…

    Les fourches caudines du FMI et de la Banque mondiale déstabilisent profondément la société malienne et ses paysans. Le pays perd sa souveraineté alimentaire : il importe les trois quarts des céréales qu’il consomme. Les maliens sont systématiquement poussés à l’exode : des villages vers les villes, du Mali vers la France. La diaspora malienne à l’étranger représente la première source de devises étrangères au Mali.

    Malgré un Programme de soutien au développement du nord, doté de 300 millions d’euros, le gouvernement malien ne peut tenir ses engagements. Et en dépit de nouveaux accords de paix signés à Alger, les troubles s’intensifient à nouveau en 2006, puis en 2009. La rébellion touarègue, désormais alliée de circonstance de groupes armés islamistes venus d’Algérie, s’emparent de Kidal (Nord-est) et Menaka (région de Gao), entraînant le redéploiement des forces maliennes au Nord. L’escalade commence.

    L’arrivée des djihadistes

    De nouveaux acteurs contribuent à fragiliser encore davantage une région déjà explosive. Aux indépendantistes touaregs « laïcs », s’ajoutent des groupes « salafistes » et « djihadistes ». Le plus connu se fait appeler Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Essentiellement composé d’Algériens et de Mauritaniens, AQMI est né sur ce qui reste du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Un mouvement initialement algérien, né pendant la guerre civile, encore plus radical que le Groupe islamique armé (GIA), et dont les liens avec les services secrets de ce pays ont toujours été troubles. AQMI et ses satellites se déplacent avec de l’essence qui ne peut venir que d’Algérie. Les mêmes routes voient transiter armes et matériel. Dont des missiles issus des arsenaux libyens après la chute du régime de Kadhafi en 2011.

    Le Sahel : arrière-cour de Kadhafi et des généraux algériens

    Le régime des généraux algériens considère le Sahel comme l’un de ses prés carrés stratégiques. Il n’a jamais stoppé son influence, directe ou indirecte, sur les 1 400 kilomètres de frontière que l’Algérie partage avec le Mali. Certains analystes comparent le double jeu des services secrets algériens dans le Sahel à l’attitude des services secrets pakistanais, vis-à-vis des talibans afghans.

    L’Algérie n’est pas seule au Sahel. Elle s’est confrontée à l’influence de la Libye de Kadhafi. Pendant des années, le défunt colonel a poussé ses pions dans la région. Recevant par vagues successives une partie des combattants touaregs qu’il a soit intégrés à des unités spéciales libyennes, soit structurés autour de groupes touaregs spécifiques. En 1981, Kadhafi est à l’origine du mouvement fantoche « Front populaire pour la libération du Sahara ». « Pour manipuler les Touaregs, dont le MNLA, il suffisait à Kadhafi d’héberger dans ses hôtels quelques leaders touaregs pendant quelques jours, de boire un thé et du lait et puis de leur remettre des enveloppes pleines de dollars », raconte un ancien du mouvement.

    Quand l’Europe finance indirectement les groupes armés

    La Libye de Kadhafi a signé des accords avec l’Union européenne en vue de contenir les dizaines de milliers de migrants africains qui transitaient par la Libye pour tenter d’accéder aux côtes européennes. Avec l’aide de Frontex, l’agence quasi-militaire européenne de gestion des migrants, Kadhafi a non seulement créé des camps de rétention, mais il a généralisé les expulsions des migrants africains vers le désert. Du pain béni pour les filières de trafic humain, majoritairement contrôlées par les groupes armés et djihadistes sévissant dans le Sahel. Ce trafic demeure une source majeure de leur financement. Ces groupes ont ainsi pu continuer de s’armer au su et au vu des services de sécurité français, allemand ou italien présents légalement sur le territoire libyen.

    Accaparement de terres : un facteur de guerre ?

    Kadhafi et son régime, ne se sont pas contentés de distribuer des dollars à quelques chefs touaregs. Ils ont également investi dans de nombreux projets au Mali. Investissements qui ont créé de profonds déséquilibres au sein de l’économie malienne : du fait de la dépendance qu’ils instituent, et des dégâts sociaux et environnementaux qu’ils causent. En 2008, Kadhafi utilise un fonds d’investissement libyen « dédié » à l’Afrique pour créer la société Malibya Agriculture. Celle-ci achète secrètement plus de 40 000 hectares le long du fleuve Niger, dans la région de Ségou, entre Bamako et Mopti. Objectif : y cultiver du riz et des agrocarburants. Avec l’aide de contractants chinois, des canaux d’irrigation de dizaines de kilomètres sont construits, mettant en danger la biodiversité et la survie des paysans locaux, à la fois privés de leurs terres et de leur eau.

    Les conséquences non maîtrisées de la chute de Kadhafi

    En plus de ces investissements lourds, Kadhafi multiplie les financements à petite échelle : écoles, dispensaires ou routes dans l’ensemble du Mali. Lorsque Kadhafi et son régime disparaissent, ce sont d’un côté de très nombreuses armes et des centaines d’hommes aguerris qui s’exilent dans le Sahel ; et de l’autre, des flux de plusieurs centaines de milliers d’euros qui se tarissent. Pour un pays dont plus de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour, c’est une importante manne qui s’envole. Après avoir appuyé militairement le renversement du régime libyen, les puissances de l’Otan auraient dû prévoir ce vide causé par la chute du colonel et le combler. Cela n’a pas été fait.

    Le business des prises d’otages

    Une partie des mouvements opérant au Sahel compensent cette perte de ressources en accroissant leur implication dans les trafics. Aux filières clandestines de migration, se substitue le kidnapping. Toujours en 2008, près de cinq millions d’euros sont versés à AQMI en échange de la libération de deux touristes autrichiens (une rançon démentie officiellement par le gouvernement autrichien). La même année, deux diplomates canadiens sont kidnappés et libérés dans les mêmes conditions. Un chantage que n’accepteront plus la France, après avoir négocié la libération de Pierre Camatte en 2010, encore moins l’Algérie comme on l’a vu lors de la prise d’otage du site gazier d’In Amenas. « Les procédures algériennes et françaises s’unifient de plus en plus dans le refus de sauver les otages et d’accepter de les sacrifier en refusant le chantage des djihadistes », note Alain Joxe, chercheur en géopolitique et directeur du Centre interdisciplinaire de recherches sur la paix et d’études stratégiques (Cirpes).

    Les narcotrafiquants latino-américains

    Au kidnapping s’ajoute un important trafic de drogue, d’une envergure phénoménale. En 2008, les forces maliennes ont réussi à saisir 750 kilos de cocaïne, dont la revente équivaut à plus d’un tiers du budget de l’armée malienne ! En novembre 2009 c’est carrément un Boeing 727 plein de cocaïne qui se crashe en tentant de re-décoller du désert malien. Avec un équipage composé de nigérians, l’avion, enregistré en Guinée-Bissau, a effectué de fréquents vols entre l’Afrique de l’Ouest, le Mexique, la Colombie et le Venezuela [3]. Les narcotrafiquants latino-américains ont fait de l’Afrique de l’Ouest la plaque tournante du trafic de stupéfiants vers l’Europe. Selon certains experts, près de 60 % de la cocaïne consommée en Europe occidentale - d’une valeur marchande de près de 18 milliards de dollars - transiterait par l’Afrique de l’Ouest. Avant que ne soit fantasmée et utilisée la crainte d’attentats terroristes perpétrés sur le sol français par AQMI, le gouvernement français, l’Union européenne et les États-Unis auraient du tout mettre en œuvre pour endiguer ce phénomène.

    Les pétrodollars saoudiens et qataris

    Une dernière source de financement des acteurs de la région – et un autre facteur de déstabilisation – est l’argent qui vient du Golfe persique. Des intérêts saoudiens et qataris soutiennent financièrement des djihadistes salafistes du Sahel. Comparée au kidnapping, à l’arsenal libyen et au trafic de drogue, cette ressource n’est pas la plus importante. Elle pose cependant la question fondamentale de la politique différenciée des États occidentaux. L’Arabie Saoudite et le Qatar sont présentés par les États-Unis et la France comme des alliés stratégiques, notamment dans la lutte contre le régime tyrannique syrien, ainsi que dans le maintien du système financier international, sensiblement alimenté par les milliards des fonds souverains des puissances pétrolières. De l’autre, des membres de ces deux pays financent sans scrupules des groupes « salafistes djihadistes surarmés » comme les qualifie Alain Joxe. Des groupes qui déstabilisent, notamment, le Mali, le Niger, le Nigeria, voire la Tunisie.

    Leur objectif : soutenir partout – de l’Indonésie au Nigeria – une vision wahhabite de l’Islam. Elle s’oppose ainsi à la vision de l’Islam majoritairement syncrétique des Maliens. Les fortunes saoudiennes et qataries qui financent ces groupes salafistes ont aussi été profondément perturbées par les révolutions arabes. Elles ont eu des effets jusque dans le golfe persique. Où, comme à Bahreïn, les soulèvements ont été réprimés dans le sang et une quasi-indifférence médiatique [4]. Ils sont résolus à tout mettre en œuvre pour empêcher qu’émerge un modèle démocratique et musulman qui marquerait la fin des régimes dictatoriaux et monarchiques. Avec, de fait, l’aval implicite des États-Unis et de la France.

    Une corruption généralisée

    Au Mali, ni le président Konaré, ni le président Touré n’ont lutté contre la corruption généralisée du pays. Pire, il semble qu’ils aient entretenu la corruption au sein de l’armée comme de l’Etat. En 2011, dans le rapport de l’ONG Transparency International sur l’état de la corruption dans le monde, le Mali se retrouve à la 118ème place, sur 184 pays analysés, pour l’indice de perception de la corruption, reculant de 22 places. C’est d’abord face à cette corruption généralisée que le capitaine Bakary Sanogo a justifié le putsch du 22 mars 2012 qui a renversé le président malien, sous l’œil plutôt compatissant de la société civile et des partis politiques maliens, et alors que les soldats maliens étaient mis en déroute au nord du pays.

    L’échec du modèle français et américain de sécurité

    Pourtant, France et États-Unis ont sensiblement investi dans l’armée malienne. Elle bénéficie de programmes spécifiques pour se moderniser. Depuis 1998, la France, suivi par l’Union européenne, a mis en œuvre l’initiative Recamp (« Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix ») en Afrique en général et au Mali en particulier. Recamp était censé « soutenir des actions de formation de cadres et d’unités en vue d’opérations de maintien de la paix, organiser des exercices au profit de ces unités africaines formées et entraînées, et enfin fournir équipements et matériels aux forces africaines qui seraient réellement engagées pour une opération de maintien de la paix sur le continent africain », explique le général de division Michel Klein, de la Fondation pour la recherche stratégique. En dépit des millions d’euros, et alors que Recamp a longtemps été vanté comme un modèle de stabilisation, les capacités de l’armée malienne ne se sont pas renforcées. Loin de là.

    Les États-Unis ne sont pas en reste. Le 11 septembre 2001 et l’émergence de la Chine accélèrent l’implication états-unienne en Afrique de l’Ouest. L’administration Bush lance l’initiative pan-sahélienne (Pan Sahel Initiative), qui devient en 2005 la « Trans-Sahel Counterterrorism Initiative » [5]. Elle intègre les Etats sahéliens plus le Nigeria et le Ghana, pour une dépense globale de plus de 500 millions de dollars. La majeure partie de cette aide est constituée d’ouverture de crédits en vue d’acheter du matériel militaire américain. Les opérations états-uniennes en Afrique, des drones décollant de Djibouti aux avions cargos atterrissant en Mauritanie, sont coordonnées depuis l’African Command, créé en 2007 et situé en Allemagne.

    A l’instar de l’exemple français, le modèle américain de sécurité pour le Mali est un échec. Pire, il est peut-être à l’origine de l’accélération du conflit. Car, dans la poursuite de la « War On Terror » (Guerre au terrorisme) de Bush, Washington concentre son attention sur les aspects militaires, ignorant la réalité politique et même sociale des pays concernés, dont les questions de la corruption et de la pauvreté. Anecdote révélatrice : les forces spéciales US ont formé des combattants qui se sont retrouvés dans les deux camps. A Bamako, le putschiste Sanogo est un pur produit de l’armée états-unienne : il a été formé au Defense Language Institute entre 2005 et 2007, avant de suivre une formation en renseignement militaire (US Army Intelligence Program) en 2008, et une formation plus conventionnelle d’officier courant 2010. Plusieurs combattants ayant bénéficié de l’entraînement des forces spéciales ont quitté l’armée malienne pour rejoindre les groupes armés du nord et leur offrir leur savoir-faire…

    Le Mali, au cœur d’un nouveau « grand jeu » ?

    Le Mali semble être l’un des terrains de prédilection d’un nouveau « grand jeu » en matière de lutte d’influences, en vue de conquérir et de maintenir des points stratégiques. A l’instar des alliances et des retournements d’alliances au sein des forces qui avaient conquis le nord du pays, les puissances s’allient et se concurrencent conjoncturellement. La France depuis l’époque coloniale, l’Algérie, la Libye du temps de Kadhafi, les États-Unis et la Chine s’intéressent aux richesses maliennes ou à celles auxquelles le contrôle de son territoire donne accès : en particulier les gisements présumés d’uranium et de diamants situés dans les sous-sols de Kidal au Nord, les terres arables du Sud, les importantes ressources en fer mauritaniennes, ou l’uranium nigérien, exploité par Areva et désormais protégé par les forces spéciales françaises. Et plus loin le pétrole nigérian et tchadien ou le gaz algérien.

    Si la France n’était pas intervenue, que ce serait-il passé ? Nombre de Maliens reconnaissent que les rebelles djihadistes auraient marché sur Bamako et se seraient emparés du pouvoir. Mais la France intervient pour éteindre un feu qu’elle a en partie contribué à allumer et alimenter. Maintenant qu’une partie du Nord est sous contrôle malien et français, que va-t-il se passer ? « Cette opération devrait être accompagnée d’une proposition de mutation dans l’aide proposée au Mali. Le discours purement militaire ne saurait suffire, souligne Alain Joxe. Si Hollande veut réellement rompre avec la Françafrique, il va devoir démontrer qu’il va, au-delà du discours de lutte contre le terrorisme, se donner les moyens pour lutter contre les narcotrafics et le financement international des djihadistes. » Seul un scénario qui permettra au peuple malien de renouer le dialogue, notamment en vue de régler la question touarègue, et de reprendre un contrôle sur ses institutions – politiques, judiciaires et militaires – permettra de sortir durablement de cet effondrement.


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  •  Aguel hock

                                                       

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